BODY PROJECT FRANCE
BIENVENUE SUR LE SITE FRANÇAIS DU BODY PROJECT, PROGRAMME DE PRÉVENTION DES TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES (TCA) EN MILIEU SCOLAIRE.
Le site Body Project France, en quelques mots
Nous sommes deux derrière ce site : Roxane TURGON, psychologue clinicienne et docteure en psychologie ; et Zoé DESBOUIS, diététicienne-nutritionniste. Nous avons à coeur de développer le programme Body Project en France et dans les pays francophones, afin que nombre de jeunes puissent en bénéficier.
Ce programme permettant de réduire les facteurs de risque de développer un TCA*, nous avons comme objectif ambitieux que le nombre d'adolescent.e.s, de jeunes adultes et d'adultes touché.e.s par ces pathologies puisse diminuer d'ici quelques années. Pour cela, nous proposons une formation permettant de savoir animer le Body Project, ainsi qu'un annuaire des animatrices et animateurs déjà formé.e.s.
Nous sommes joignables via le formulaire de contact si vous souhaitez des renseignements.
Bonne visite ici !
*trouble des conduites alimentaires
Le programme Body Project
Le Body Project est un programme de prévention primaire et ciblée des troubles des conduites alimentaires (TCA) développé et étudié par l’équipe d’Eric Stice (Professeur de Psychologie, USA) depuis 2000. Il vise la diminution de certains facteurs de risque des TCA, en se basant sur deux modèles théoriques : le «Dual-pathway model of bulimia» (Stice et al., 1996) et la théorie de la dissonance cognitive (Festinger, 1957).
Le Body Project est un programme participatif contenant des temps d’échanges et des activités à faire pendant et entre les séances. Le programme initial est composé de 4 séances d’une heure chacune ; il est à destination des jeunes femmes âgées de 15 à 25 ans. Il existe plusieurs autres versions du Body Project.
Ce programme peut être animé à la fois par des chercheuses/chercheurs, des professionnel.le.s du domaine du soin ainsi que par des pairs (des personnes ayant fait le Body Project en tant que participantes et ayant ensuite été formées pour l'animer) (Stice et al., 2017).
Le «Dual-pathway model of bulimia» (Stice et al., 1996) postule que les symptômes boulimiques apparaissent en raison de plusieurs facteurs de risque spécifiques qui interagissent ensemble. Les facteurs de risque sont des facteurs qui peuvent favoriser l’apparition de symptômes, ici des symptômes que l’on retrouve dans les TCA. Cependant, toutes les personnes qui ont un ou plusieurs facteurs de risque de ce modèle ne vont pas forcément développer un TCA car ces facteurs interagissent entre eux et avec d’autres facteurs, comme des traits de personnalité, des facteurs biologiques et des facteurs environnementaux.
Comme le montre le schéma du modèle, les premiers facteurs de risque à se développer sont ceux liés à l’image corporelle : l’internalisation de l’idéal de minceur et la pression extérieure pour se conformer à l'idéal de minceur. Ces deux facteurs entraînent ensuite une insatisfaction corporelle, qui aboutit à des modifications au niveau de l’alimentation, dans ce modèle : une restriction alimentaire. L’insatisfaction corporelle est également à l'origine d'affects négatifs. Enfin, les modifications du comportement alimentaire et les affects négatifs mènent à des symptômes boulimiques.
De plus, programme utilise la théorie de la dissonance cognitive (Festinger, 1957) via diverses activités pour faire participer les bénéficiaires du programme pendant et entre les séances. Selon cette théorie issue de la psychologie sociale, lorsqu'une personne adopte un comportement ou prononce une parole en désaccord avec ce qu’elle pense, cela crée une dissonance, un inconfort en elle. Afin de réduire cette dissonance, la personne peut modifier son comportement ou sa parole afin de les faire concorder avec ce qu’elle pense. Dans le programme, les participant.e.s sont mis.e.s volontairement en dissonance en leur demandant de contre-argumenter et de faire des actions en désaccord avec l’idéal de minceur de leur genre. Le but étant qu’ils ou elles puissent diminuer leur internalisation de cet idéal, développer un esprit critique à ce sujet et aller vers une meilleure acceptation de leur corps.
Les résultats de la recherche
Le Body Project est actuellement le plus efficace parmi les programmes permettant de réduire significativement l’apparition des TCA (Stice et al., 2021). Il a été étudié aux Etats-Unis ainsi que dans d’autres pays, par l’équipe qui l’a développé et par des équipes indépendantes, sur des participant.e.s âgé.e.s de 15 et 30 ans. Des études sont en cours sur des pré-adolescent.e.s et des adultes au-delà de 30 ans.
Depuis 20 ans, les études rapportent que ce programme permet une réduction des facteurs de risque des TCA (internalisation de l’idéal de minceur, insatisfaction corporelle, restrictions alimentaires et affects négatifs) et des symptômes TCA chez les participant.e.s qui en présentent, comparativement à des participant.e.s dans un groupe contrôle (sur liste d’attente ou bénéficiant d'un autre programme de prévention). Ces résultats se maintiennent entre 3 mois et jusqu’à 3 ans après la fin du programme (Stice et al., 2001, 2006, 2008, 2015).
Le programme permet également une réduction significative de l’activation du circuit de récompense lorsque les participantes regardent des images de mannequins minces après avoir participé au programme, en comparaison au groupe contrôle où les participantes lisent une brochure psycho-éducative (Stice et al., 2015).
Lexique
Affect négatifs : Terme utilisé dans l'échelle PANAS, Positive And Negative Affect Schedule, correspondant aux émotions désagréables.
Insatisfaction corporelle : Vécu affectif associé à une expérience corporelle négative qui résulte de la différence entre le corps vécu et le corps idéalisé, ou bien entre le corps vécu et le corps attendu socialement (Higgins, 1987 ; Thompson et al., 1999).
Internalisation de l'idéal de minceur : Une personne intègre de façon cognitive l'idéal de société sur les critères d’attirance physique et s’engage dans des comportements qui visent à atteindre cet idéal (Thompson et al., 1999).
Prévention ciblée : Vise des sous-groupes d'individus chez qui des facteurs de risque de développement d'un trouble physique et/ou psychique ont été identifiés. Cette prévention est donc personnalisée à ces sous-groupes d'individus pour réduire ces facteurs de risque.
Prévention primaire : Vise à prévenir le développement de troubles physiques et/ou psychologiques. Elle se fait donc en amont de la présence de symptômes.
Références scientifiques citées
Festinger, L. (1957). A theory of cognitive dissonance. Stanford University Press.
Higgins, E. T. (1987). Self-discrepancy: A theory relating self and affect. Psychological Review, 94(3), 319–340. https://doi.org/10.1037/0033-295X.94.3.319
Stice, E., Chase, A., Stormer, S., & Appel, A. (2001). A randomized trial of a dissonance-based eating disorder prevention program. International Journal of Eating Disorders, 29(3), 247–262. APA PsycInfo. https://doi.org/10.1002/eat.1016
Stice, E., Marti, C. N., Spoor, S., Presnell, K., & Shaw, H. (2008). Dissonance and healthy weight eating disorder prevention programs: Long-term effects from a randomized efficacy trial. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 76(2), 329–340. https://doi.org/10.1037/0022-006X.76.2.329
Stice, E., Mazotti, L., Weibel, D., & Agras, W. S. (2000). Dissonance prevention program decreases thin-ideal internalization, body dissatisfaction, dieting, negative affect, and bulimic symptoms: A preliminary experiment. The International Journal of Eating Disorders, 27(2), 206–217. https://doi.org/10.1002/(SICI)1098-108X(200003)27:2<206::AID-EAT9>3.0.CO;2-D
Stice, E., Onipede, Z. A., & Marti, C. N. (2021). A meta-analytic review of trials that tested whether eating disorder prevention programs prevent eating disorder onset. Clinical Psychology Review, 87, 102046. https://doi.org/10.1016/j.cpr.2021.102046
Stice, E., Rohde, P., Butryn, M. L., Shaw, H., & Marti, C. N. (2015). Effectiveness trial of a selective dissonance-based eating disorder prevention program with female college students: Effects at 2- and 3-year follow-up. Behaviour Research and Therapy, 71, 20–26. https://doi.org/10.1016/j.brat.2015.05.012
Stice, E., Rohde, P., Shaw, H., & Gau, J. (2017). Clinician-led, peer-led, and Internet-delivered dissonance-based eating disorder prevention programs: Acute effectiveness of these delivery modalities. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 85, 883–895. https://doi.org/10.1037/ccp0000493
Stice, E., Shaw, H., Burton, E., & Wade, E. (2006). Dissonance and healthy weight eating disorder prevention programs: A randomized efficacy trial. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 74(2), 263–275. https://doi.org/10.1037/0022-006X.74.2.263
Stice, E., Yokum, S., & Waters, A. (2015). Dissonance-based eating disorder prevention program reduces reward region response to thin models: How actions shape valuation. PLoS ONE, 10(12), e0144530. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0144530
Stice, E., Ziemba, C., Margolis, J., & Flick, P. (1996). The dual pathway model differentiates bulimics, subclinical bulimics, and controls: Testing the continuity hypothesis. Behavior Therapy, 27(4), 531–549. https://doi.org/10.1016/S0005-7894(96)80042-6
Thompson, J.K., Heinberg, L.J., Altabe, M.N., & Tantleff-Dunn, S. (1999). Exacting beauty: Theory, assessment and treatment of body image disturbance. Washington, DC: American Psychological Association